Lamahuana - Les aventures d'Elise et Hugues en Equateur

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13 – Les français de l'étranger, un réseau précieux – épisode 4

Le CEFAL

 

Le français à l'étranger n'est pas une espèce rare, ni vouée à disparaître. Cependant il était nécessaire de vous en délivrer les différents aspects : volontaires, associatifs, institutionnels. Il est désormais temps de vous livrer les informations sur un dernier groupe que nous pensons pouvoir appeler : "Celles et ceux qui restent" ! Nous allons d'abord vous resituer dans le contexte, avec un peu d'Histoire, et après, on vous raconte ce qu'on a fait avec eux.

Bonne lecture !

 

 

En 1957, le pape Pie XII sort l'encyclique « Fidei Donum » où il appelle les diocèses des pays occidentaux à envoyer pour plusieurs années, des prêtres dans les pays du sud. Si on se centre sur la France, en 25 ans, c'est près de 1000 curés qui quittent leurs diocèses et vont partir vivre sous d'autres latitudes afin d'y servir de nouveaux peuples.

 

Pour gérer tout ça est créé, en 1961, le Comité Episcopal France Amérique Latine dont les objectifs sont d'assurer le lien entre les diocèses français, les curés envoyés en missions , mais aussi les centaines de religieux et de religieuses déjà sur places, plus les laïcs (comme nous) qui viennent s'ajouter à tout cela. Ça fait un paquet de monde, et surtout un sacré maillage des territoires sud-américains avec une accumulation de connaissances historiques, culturelles, religieuses et politiques. Alors on ne vous cache pas que ça n'a pas été de tout repos à l'époque, notamment parce que les prêtres qui sont partis venaient globalement de se prendre la révolution de Vatican II en pleine face (plus de messes en latin, gros travail sur la doctrine sociale de l'Eglise, ouverture aux autres religions...), et qu'ils arrivent sur un continent où les blessures de quatre siècles de colonisation sont encore béantes.

 

Entre révolutions sociales et dictatures militaires, l'Eglise d'Amérique latine évolue dans deux sens opposés : D'une part une Eglise proche de son peuple, avec la théologie de la libération, et d'autre part une Eglise qui soutient l'ordre établi, voir même qui copine avec les régimes militaires. Entre des prêtres, évêques ou bonnes sœurs assassinées pour le combat auprès des plus pauvres et d'autres qui s'affichent ouvertement auprès des pires dictateurs, c'est pas simple de s'y retrouver. Si l'Eglise des pauvres l'emporte en 1968 lors d'une conférence continentale à Medellin (Colombie), elle subira un premier revers en 1979 à la conférence de Puebla (Mexique) avec un retour en force des conservateurs, une quasi condamnation de la théologie de la libération par le Vatican en 1984 et le développement des missions évangéliques largement financées par l'étranger pour contrer la montée du « communisme », au sens large du terme pour les conservateurs, c'est à dire tout ce qui se rapproche de près ou de loin à une gauche qui veut changer les choses.

 

Les engagé.e.s français.e.s se retrouvent au cœur de tout cela, dans des réalités de vie si différentes de leur paroisse d'origine. Le CEFAL, au fil des années, forme celles qui partent, accompagnent ceux qui reviennent, et sert aussi de transmetteurs des réalités du continent pour celles et ceux qui s'y intéressent en France, via des revues spécifiques.

 

Aujourd'hui, les enjeux sont bien différents. Finis les curés révolutionnaires dans la jungle avec des fusils d'assauts (Ou presque), adieu les évêques en photo avec Videla ou Pinochet (Pour le moment) ! Mais une partie du clergé conservateur demeure influent, des épiscopats entiers sont bousculés par des scandales de pédophilie comme au Chili, et le monopole catholique est menacé par la montée en puissance des églises évangéliques, installées désormais depuis plusieurs décennies et très influentes sur l'évolution politique de certains pays comme le Brésil ou au Costa Rica.

Malgré tout, il reste des militants de terrain disséminés un peu partout auprès des plus pauvres et qui alimentent toujours cette théologie de la libération avec passion. Le CEFAL accompagne toujours près de 50 prêtres, 300 religieus.e.s et une centaine de laïcs sur le terrain, globalement proche d'une vision « libératrice » de la spiritualité catholique.

 

Ce sont ces gens là, passionnés et passionnants, que nous avons côtoyés trois jours durant, sur la côte pacifique, lors d'une rencontre du groupe d'Equateur. Un prêtre qui a vécu au Nicaragua pendant la révolution sandiniste, des religieuses qui ont connu le diocèse de Riobamba dans les années 90, une époque où le souvenir de Mgr Proano, dit l'évêque des indiens, était encore bien présent. Et des laïcs aussi, curieux de Dieu, amoureux de l'Equateur, parfois anciens volontaires, et vivant ici depuis plus de 20 ans.

Et nous, humbles militants MRJC et volontaire DCC au milieu de tout ce beau monde, quelle expérience !

 

C'était au mois de mai, sous un soleil de plomb, mais avec une plage à 200 mètres =)

Au programme de ces trois jours, des visites, du repos, du spirituel et des échanges très forts. D'abord un temps de rencontre, avec une animation « petite histoire/grande histoire » très dense, qui va lier notre vécu personnel avec de grands événements locaux, nationaux et/ou mondiaux. Ensuite des temps sur nos actualités d'engagements, avec conseils des uns et des autres pour avancer.

Et Enfin, un temps de formation sur la politique locale qui avait pour intitulé : « L'Equateur ou le chaos politique ». Des précisions sur les institutions politiques du pays, des analyses des dernières élections générales du 23 mars 2019 (régions, cantons, mairies...). Mais aussi des critiques sur le fonctionnement global du pays entre crise de 1999, la dollarisation, la révolution citoyenne et le miracle équatorien sous Rafael Correa, la corruption généralisée, l'arrivée au pouvoir de Lenin Moreno et ce que l'on peut appeler actuellement : « Le néolibéralisme par surprise »...

Nous ne pouvons pas publier en l'état le compte rendu de cette petite formation mais Hugues se tient prêt à envoyer le fichier à celles et ceux qui en font la demande via pinelhugues@gmail.com

 

Pendant trois jours, on discute de la vie, de politique, on refait le monde, on bronze sur la plage, on visite des musées, des zones naturelles magnifiques. On fait à manger ensemble, on prend l'apéro, on joue au tarot, on reprend l'apéro, on s'écharpe pendant 1h pour préparer la messe alors qu'on est 6 à discuter, le tout avec la langue de Molière !

Une bouffée d'air frais ! Affaire à suivre, on retrouve la troupe en Novembre avec comme thème le synode sur l'Amazonie et vous l'aurez compris, nous avons déjà hâte d'y être.

 

Et voilà, c'est la fin de la série sur les français de l'étranger, on va continuer les articles dans les jours qui viennent avec de nouveaux sujets qui, nous l’espérons, vous feront rêver un peu et pourquoi pas, vous donneront l'envie de voyager.

 

On vous embrasse bien fort !

 

Hugues et Elise



24/06/2019
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